mercredi 30 juin 2010

"The night they drove my old band down"

Novembre 1976
San-Francisco
Winterland Ballroom

"Good-evening", on imagine que c'est les dents serrées que Levon Helm, batteur et chanteur du groupe "The Band", annonce par ce bref et arride "salut au public" leur ultime concert : La Dernière Valse (The Last Waltz).


Il arrive parfois qu'un être humain soit doté d'un ou de plusieurs talents, qu'il arrive au bon endroits, au bon moment, qu'il soit honnête et fasse les bons choix dans la grâce et la dignité. Alors il se peut qu'il rencontre l'adhésion du plus grand nombre en étant certain de ne s'être jamais compromis.
Levon est sûrement un de ceux-là. Lui et son groupe ont effectué un parcours sans faute depuis sa fondation en 1968. Ils commencent leur carrière en sortant un des joyaux de l'histoire du Rock "Music from big pink", un chef-d'oeuvre, puis un autre "The Band" en 1969. Il rencontrent un succès public et critique, fait rarissime, car même les plus grands de l'époque (Stones, Beatles, Who, Led Zep...) furent décriés à leurs débuts.Les albums qui suivront seront moins forts et inégaux, mais tous demeurent des classiques du genre.
Bien-sûr avec le succès se sont infiltrés quelques poisons d'usage ; drogue (écoutez l'interprétation vocale de Levon dans "Strawberry Wine", il est sous l'emprise de l'héroïne et elle fait froid dans le dos...) ; l'alcool (qui aurait fini par consumer entièrement Richard Manuel, le pianiste, s'il ne s'était suicidé en 1986) ; et surtout la cupidité (Robbie Robertson, guitariste "hors normes" et songwriter talentueux, ne s'oubliera pas en retirant très vite les marrons du feu pour les mettre dans sa besace... En d'autres termes il détournera habilement la paternité des chansons du groupe, paroles et musiques, en créditant la quasi totalité de l'oeuvre à son seul et unique nom. Cette oeuvre qui est manifestement le résultat d'un travail collectif*...
Levon en parle dans son livre "this weel's on fire" au chapitre Divide and conquer. Et à ce titre, il pense que Robbie Robertson songeait depuis longtemps à cette "Porte de sortie en beauté" que constiuait pour lui The Last Waltz" ; en finir avec ce "God damn impossible way of life" qu'est la vie d'un groupe en tournée tout continuant de toucher de confortable "droit d'auteurs". Ce qui devait encore être le cas à l'époque (sic !)

Nous en sommes là quelques instants avant que commence ce concert.
Levon Helm est trop humble pour y penser, et c'est sûrment amer qu'il va monter sur la plus haute marche au Panthéon du Rock.
Il ne se contentera pas d'entrer dans l'histoire de la musique, c'est déjà fait depuis longtemps, mais dans l'histoire de son pays et peut-être même d'un certain genre humain"
Les neufs caméras 35 milimètres dirigées par Martin Scorcese ne capturent pendant quelques secondes que le noir opaque d'une salle plongée dans l'obscurité.

Oui, il vient de vient de loin ce gosse, ce petit blanc-bec qui ravitaillait en eau les ouvriers agricoles dans les champs brûlants de l'Arkansas. Ses parents s'y sont établis pour exploiter une ferme entourée de champs de coton.